Le prix des Planches de l’ICART a pour ambition de mettre en lumière les jeunes artistes du spectacle vivant. Mais pas seulement ! C’est aussi un tremplin pour les étudiants de l’ICART qui organisent le projet, et pour des professionnels en devenir comme Lou Comte qui n’a pas hésité à mettre ses talents de graphiste au profit de l’événement !

Autoportrait de Lou Comte, janvier 2019

Rencontre avec une graine d’artiste au cœur du projet.

Bonjour Lou, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Lou Comte, j’ai 19 ans et je suis étudiante en deuxième année à l’école de la Chambre Syndicale de la couture parisienne.

Comment le goût du dessin est-il venu à toi ? Quelle place tient-il aujourd’hui dans ta vie ?

Depuis mon plus jeune âge, mes parents nous emmenaient ma sœur et moi visiter des musées et expositions, toujours accompagnées d’un carnet de dessins à la main. J’ai eu une enfance baignée dans les travaux manuels, c’est à ce moment-là que j’ai su que l’art en général et le travail du geste et de la main deviendraient mon futur métier. C’est d’ailleurs pour cela qu’après ma troisième, j’ai décidé de me diriger directement vers un cursus technologique appelé STDAA (Série Technologique en Design et Art Appliqué). C’est un bon moyen de savoir si l’on veut faire d’une passion un métier. Aujourd’hui, mon école de mode regroupe toutes mes envies, le travail du tissu autour du corps, le dessin, la photographie et bien d’autres choses… Le dessin et l’art en général sont parfois vus comme des loisirs futiles, mais pour moi, ils sont la base de mon futur métier.

Comment définirais-tu ton univers artistique ?

Je dirais que mon univers est très sensible, en constante évolution. Je suis encore jeune et à la recherche du meilleur de moi-même.

Que ressens-tu lorsque tu dessines ?

Le dessin me procure beaucoup d’émotions à la fois. De la frustration parfois lorsque j’ai du mal à obtenir le résultat que je m’imagine. De la surprise lorsque mon trait de crayon et le geste de ma main créent des dessins que je ne me sentais pas capable de réaliser. De la fierté lorsqu’après plusieurs ébauches, j’obtiens un résultat satisfaisant.

Quelles techniques utilises-tu ? Quelles sont les étapes de fabrication de tes créations ?

Les outils avec lesquels je suis le plus à l’aise sont le critérium, la mine de plomb, le stylo bic noir et les feutres promarker. Concernant mes créations, qui sont le plus souvent axées sur la mode, l’ébauche est au critérium : je travaille la pose, la silhouette et les bonnes proportions du corps, puis petit à petit je corrige, ajoute des vêtements, des cheveux, puis enfin, la couleur, et je recommence si besoin. Il ne faut pas avoir peur de recommencer.

J’expérimente d’autres techniques nouvelles pour savoir si elles me conviennent ou peuvent me servir, c’est comme si je créais une banque de données de techniques à utiliser selon la pertinence qu’elles ont vis-à-vis d’un projet.

Raconte-nous ton projet avec Les Planches de l’ICART

Pour le projet des Planches de l’ICART, l’univers s’est vraiment construit avec l’équipe. Comme contrainte de départ et pour respecter la charte graphique, on est partis sur un dessin au trait noir. Après plusieurs tests de style, on en a validé un qui a ensuite évolué. L’idée était de représenter le concours de théâtre sans tomber dans le cliché. C’est pourquoi les personnages que je dessine sont assez neutres, mais tous différents à la fois. Sur l’affiche par exemple, l’accent a été mis sur le gagnant inconnu du Prix du Jury, grâce à un projecteur émanant de son corps.

Illustration de Lou Comte

C’est une expérience très enrichissante qui me permet de travailler en groupe sur un projet professionnel différent de ce que j’ai l’habitude de faire. Mais aussi de travailler avec des contraintes, ce qui est très intéressant pour sortir de sa zone de confort. Et surtout, de commencer une réelle communication de mon travail, de le faire partager. C’est une bonne vitrine et un bon moyen d’appréhender le monde du travail. Bien sûr, j’ai rencontré des difficultés, car il a fallu trouver un style de dessin nouveau, que je n’ai jamais expérimenté auparavant. Mais grâce à l’équipe des Planches de l’ICART, la collaboration s’est très bien déroulée.

Quel est-ton rituel pour trouver l’inspiration ?

Pour moi, on peut trouver l’inspiration partout autour de nous, et même dans ce que l’on pourrait considérer comme des banalités. Il n’y a pas de limite à l’imagination et c’est ce qui me plaît. Bien sûr, les expositions, les bibliothèques, les films, les documentaires, la musique, les livres sont de très bons moyens de recherches, mais les paroles que j’entends, les questions que je me pose sur le monde qui nous entoure, la politique, la société, m’inspirent beaucoup. Aujourd’hui l’image nous envahit, comme le montre le succès d’instagram et son emprise sur nos vies. C’est aussi une source infinie, mais il faut faire attention à ne pas se noyer dedans.

Tes conditions idéales de création ?

Travailler de nuit et toujours accompagnée de musique, jamais dans le silence, est assez stimulant pour créer.

Ton artiste préféré ?

C’est assez difficile pour moi d’avoir un artiste préféré, mais j’admire énormément le travail qu’effectuent Ron Amir, Mohamed Bourouissa, ou encore Egon Shielde.

Quels sont tes futurs projets artistiques ?

Ce sont avant tout des projets de mode qui entrent dans le cadre de mes études et regroupent travaux de dessin, créations de vêtements en toile (c’est ce qu’on appelle de la coupe par moulage), photographie… Pour l’instant je travaille sur le tailleur et sur le flou (c’est le contraire du tailleur).

La musique qui te fait voyager ?

En ce moment j’aime beaucoup écouter le groupe Parcels (electropop, chillwave) et le groupe français Feu Chatterton ainsi que des musiques assez planantes qui donnent l’impression d’être dans l’espace.

La citation qui te correspond le mieux ?

Être responsable de sa vie, c’est mesurer l’importance de nos pensées, de nos paroles et de nos actions ; c’est rester éveillé, en alerte, c’est ne pas vivre dans l’inconscience. Si nous commettons une erreur, si nous agissons mal, si nous nous trompons, reconnaissons-le et essayons, autant que possible, de réparer cette erreur. Frédéric Lenoir

Je ne sais pas si c’est la citation qui me correspond le mieux, mais c’est celle que j’ai en tête constamment pour évoluer.

Quelque chose à ajouter ?

Pour progresser, il me semble important d’avoir une remise en question à toutes les étapes du processus de création.

♥ Si le travail de Lou vous plaît autant qu’à nous, retrouvez là sur instagram lou.comte